Le logement étudiant est dans le pré : se loger à la ferme c'est possible !

Des agriculteurs des Yvelines proposeront bientôt des logements étudiants à bas prix dans leur ferme. Le concept, imaginé par l’association Campus Vert, existe déjà à Beauvais, dans l’Oise.

Philippe Vandeputte, agriculteur céréalier à la ferme de la Muette à Ecquevilly (Yvelines).
Philippe Vandeputte, agriculteur céréalier à la ferme de la Muette à Ecquevilly (Yvelines).

    Des agriculteurs des Yvelines proposeront bientôt des logements étudiants à bas prix dans leur ferme. Le concept, imaginé par l’association Campus Vert, existe déjà à Beauvais, dans l’Oise.

    Près d'un millier d’étudiants logent chaque année au sein de fermes en activité, dans d’anciennes étables ou des poulaillers réhabilités en appartements dans plusieurs communes de France, grâce à l’association Campus Vert.

    Ce chiffre va bientôt gonfler, avec l’arrivée du concept en Ile-de-France, tout près de Mantes-la-Jolie (Yvelines). Créée en 1994 à Béthune (Pas-de-Calais), l’association Campus Vert a d’abord voulu combler le manque de logements étudiants autour de l’université de Lille (Nord), avant de s’étendre en Bretagne puis en Picardie.

    « L’idée, c’est que le patrimoine continue à vivre et que les agriculteurs fassent découvrir leur univers aux jeunes », explique Léo Tyburse, animateur du projet pour le compte du groupe d’action locale Leader Seine Aval, partenaire de Campus Vert en Ile-de-France.

    Désengorger le marché locatif et revivifier le monde agricole

    Des travaux commenceront dans quelques mois sur deux exploitations situées près du pôle universitaire de Mantes-la-Jolie. « Notre travail consiste surtout à mettre en relation les agriculteurs et les étudiants, précise Odile Colin, chargée de mission à Campus Vert. Ensuite, les propriétaires restent maîtres dans le choix de leur locataire. Le 16 juin, nous donnerons les coordonnées des exploitants des Yvelines aux jeunes qui nous ont envoyé un dossier. » En plus d’assurer des loyers modérés pour les jeunes, Campus Vert espère « désengorger le marché locatif urbain » et revivifier le monde agricole.

    En échange du soutien administratif pour les dossiers de subvention et la gestion locative, les agriculteurs impliqués dans Campus Vert s’engagent à respecter la charte de qualité de l’association, qui vise à favoriser les relations intergénérationnelles. « Nous proposons aux propriétaires et aux étudiants de partager un repas trois à quatre fois dans l’année ou encore d’organiser des ateliers pour découvrir les activités des fermiers, expose Odile Colin. L’agriculteur peut aussi mettre une salle à disposition pour que les jeunes se retrouvent ou une autre pour qu’ils réparent leur voiture. »

    ECQUEVILLY

    « Accueillir ces jeunes va ramener de la vie à la ferme »

    Philippe Vandeputte, 42 ans, agriculteur

    Sa grange spacieuse qui accueillait des vaches il y a quelques années ne lui sert plus. Philippe Vandeputte, 42 ans, agriculteur céréalier à la ferme de la Muette à Ecquevilly (Yvelines), a donc décidé d’en transformer une partie en six appartements Campus Vert. Il conserve ainsi son patrimoine familial, sans trop dépenser.

    « Mes grands-parents sont arrivés ici de Belgique. C’est là où j’ai grandi, où je vis, et je n’ai pas les moyens de financer la moindre toiture, qui coûte 30 000 € minimum. Avec cette création de logements étudiants, dans vingt ans, les murs seront toujours là », détaille l’éleveur, assis à son bureau surplombé d’une tête de sanglier. Pour ses travaux, en plus des aides publiques du groupe d’action locale Leader Seine Aval, la banque lui a accordé un prêt sur vingt ans — dont les mensualités seront normalement comblées par les loyers. « Ce qui est sympa dans le projet, c’est d’avoir des jeunes chez nous, on ne sera plus juste quatre, sourit Philippe, père de deux filles de 15 ans et 12 ans. Accueillir ces jeunes va ramener de la vie à la ferme, sans les contraintes du locatif. Vu que les baux ont une durée d’un an, les étudiants ne sont pas des voisins sur le long terme. »

    Avant d’accepter de devenir un Campus Vert, Philippe et un autre agriculteur du Mantois, chez qui l’opération sera également menée, ont visité, il y a quelques mois, des appartements labellisés dans le Nord. L’aide administrative proposée par Campus Vert a aussi pesé dans la décision de Philippe de se lancer dans le projet. « En juillet-août, c’est la période de moisson. Un moment où je n’ai absolument pas le temps d’être devant mon ordi pour démarcher des jeunes », pointe Philippe, qui travaille environ soixante heures par semaine pour cultiver du blé, du colza et de l’orge.

    Avant de pouvoir accueillir les jeunes, des travaux d’envergure, d’une durée de six mois, seront réalisés en septembre. Les immenses portes blanches du bâtiment d’élevage seront remplacées par des baies vitrées, donnant sur un petit jardinet face à l’ancien pigeonnier. De l’autre côté, un grand espace vert leur permettra de dîner dehors les soirs de printemps. Un parking, avec deux places de voitures par logement, s’installera dans ce même espace. « Notre maison n’étant pas trop près de la grange, on conserve notre intimité, et en même temps, on n’est pas trop loin pour garder un œil sur eux, au cas où ce serait le bazar ou la java », sourit Philippe.

    VILLERS-SAINT-BARTHELEMY

    « Le calme, le cadre de vie et le prix »

    Thibaut Hanczar, étudiant logé par Campus Vert à Villers-Saint-Barthélemy (Oise)

    Lancée en 2007dans l’Oise, l’opération Campus Vert séduit de plus en plus les agriculteurs et les étudiants. En 2009, les trois premiers studios étaient proposés à la location à Villers-Saint-Barthélemy, un petit village à 15 km de Beauvais. Devant la demande et le succès de l’entreprise, trois autres appartements ont été aménagés et livrés en septembre 2013. Parmi les heureux locataires, Chimène Bouchet et Thibaut Hanczar. Thibaut en est tellement satisfait qu’il restera dans son studio en septembre pour sa deuxième année de BTS.

    334 € par mois

    « Je viens de Laon, dans l’Aisne, et je cherchais un studio à Beauvais, raconte-t-il. Je suis tombé par hasard sur une annonce sur Internet. Quand j’ai visité le studio, j’ai tout de suite craqué. Le cadre de vie, le calme et le fait que tout soit neuf et meublé. Impossible de passer à côté. Le prix — 334 € — a achevé de me convaincre. »

    Sa voisine Chimène est stagiaire de l’Education nationale. Elle recherchait « un appartement pas cher ». « Je viens de Lens et, dans le Nord-Pas-de-Calais, Campus Vert, ça existe depuis longtemps, précise-t-elle. J’y avais un studio l’an dernier. Quand j’ai été mutée dans l’Oise, j’ai regardé si le dispositif existait ici aussi. » Et c’est avec enthousiasme qu’elle a emménagé en septembre à Villers-Saint-Barthélemy. « J’aime bien l’ambiance du Campus Vert et je l’ai retrouvée ici, souligne-t-elle. Le fait que le propriétaire soit proche, pour moi, c’est un plus. Il est disponible quand on a des soucis. Et puis un T2 pour 345 € par mois (NDLR : + 10 € pour l’accès à Internet), c’est difficile de trouver mieux. Malheureusement, je vais devoir redéménager en juillet. Je ne serai plus stagiaire l’an prochain. »

    Campus Vert va créer des studios dans le Compiégnois et continuer à renforcer sa présence à Beauvais — où 20 studios sont déjà utilisés — et à Creil.

    Clés

    120 adhérents

    exploitants agricoles dans l’association Campus Vert.

    500 studios

    labellisés Campus Vert sur toute la France, de 21 m 2 à 40 m 2.

    269 € à 505 € le loyer

    , selon la surface et le lieu, soit 20 % à 30 % sous le marché.

    www.campusvert.com

    contact@ campusvert.com

    tél. 03.20.29.43.68.

    Sophie Boutboul

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