Innovation pédagogique : en immersion, de la théorie à la pratique

Les écoles rivalisent d’innovations au service du développement des compétences : études de cas pour des entreprises, simulations de situations managériales, vie associative ou encore alternance sont au programme

Innovation pédagogique : en immersion, de la théorie à la pratique

    Les écoles rivalisent d’innovations au service du développement des compétences : études de cas pour des entreprises, simulations de situations managériales, vie associative ou encore alternance sont au programme.

    Pendant la nuit du 12 au 13 décembre 2014, les étudiants de dernière année de l’INSEEC Business School ont dû gérer une situation de crise de grande ampleur. Un scénario fictif mais qui correspond à ce que les entreprises peuvent être amenées à surmonter dans l’urgence, par exemple lors d’un scandale sanitaire pour un géant de l’agro-alimentaire. Durant toute une nuit, encadrés par des enseignants de l’école, les étudiants se sont mis dans la peau des membres du comité de direction pour identifier des solutions et estimer leur impact – en termes de coût, de communication, etc.

    « Ils prennent conscience du décalage entre théorie et pratique, mais aussi de l’intérêt de la théorie pour réagir face à différentes situations, explique Jacques Chaniol, directeur de l’INSEEC Business School. Le fait de tirer des leçons de ce type d’expérience est essentiel pour progresser en tant que manager. »

    Faire preuve de créativité et d’adaptation

    À l'image de cette nuit de la crise, les business schools déploient des trésors d'imagination pour proposer de multiples occasions d'expérimenter. On peut citer, à titre d'exemple, les "24h de Créativité" proposées par l'ESC Troyes, le séminaire "Open Innovation" de l'EDHEC Business School ou "InnoCapt" de l'ESC Rennes School of Business. Dans le premier cas, les étudiants travaillent en équipe avec ceux de l'école supérieure de design du groupe ESC Troyes sur un projet de réaménagement urbain ; dans le second, deux jours sont consacrés à des échanges avec des représentants d'entreprise pour développer des concepts de services et produits ; dans le dernier, des étudiants en semestre à l'étranger repèrent des innovations pour le compte de sociétés françaises.

    « Les jeunes diplômés doivent démontrer leurs capacités de créativité et d’adaptation, nécessaires pour répondre aux défis qui attendent les entreprises, illustre Thierry Picq, directeur académique de l’EMLYON Business School. Notre pédagogie évolue dans ce sens : les cours privilégient de plus en plus la réalisation de missions concrètes, sur la base des acquis théoriques préalables. »

    Des missions par et pour les entreprises

    De plus en plus d’écoles optent pour ces formes d’apprentissage, à différentes étapes du cursus. Les étudiants de troisième année de Télécom École de Management sont régulièrement confrontés à des challenges proposés par des entreprises, avec le soutien de leurs collaborateurs, tandis que les nouveaux entrants chez Audencia Nantes École de Management s’appliquent pendant deux jours à relever les défis prospectifs lancés par cinq partenaires (L’Oréal, Eram, Crédit Agricole, Energie perspective et Gérontopole). KEDGE Business School mise sur la durée : durant deux à trois ans, les équipes d’étudiants sont confrontées à plusieurs problématiques d’une même entreprise et peuvent choisir, parmi certains cours, les mieux adaptés à leur résolution.

    Les mises en situation peuvent être plus ciblées, en lien avec les choix de spécialisation.

    À l’ISTEC, les étudiants du master en marketing, event et communication ont organisé une série de conférences animées par des experts, sur le format des TEDx, tandis que ceux du master en marketing business to business ont lancé un blog thématique fin 2014. « Les bénéfices sont nombreux, estime Pierre Guerin, directeurs des programmes de l’école.

    Ils renforcent leur connaissance du secteur d’activité ou de la fonction qu’ils veulent exercer, apprennent à mettre en pratique leurs acquis et développent leur réseau professionnel.»

    Focus sur une école

    Missions en entreprise : l’ADN de l’EDC Paris Business School

    Un restaurant spécialisé dans les hamburgers haut de gamme sans gluten a-t-il des chances de réussir?

    « Nous sommes en train d’évaluer la pertinence du concept en examinant les éléments financiers, marketing et logistiques », explique Thomas Rodach, en deuxième année à l’EDC Paris Business School. Au sein d’une équipe de cinq étudiants de l’école, il teste la faisabilité de ce projet proposé par des entrepreneurs.

    C’est la seconde mission, après une autre centrée sur le diagnostic financier, qu’il doit réaliser cette année – avant celle du “grand oral commercial”.

    D’une durée de cinq semaines, elle lui permet « de mettre en pratique tout ce qu’on a appris depuis le début de la scolarité ». En première année, Thomas a particulièrement apprécié la mission “étude de marché”, l’une des trois qu’il devait réaliser sur cette période : « Elle m’a offert un premier contact avec des entrepreneurs et permis de commencer à constituer mon réseau professionnel ».

    La pédagogie de l’EDC Paris Business School accorde une grande importance à ces missions en entreprise, « menées en lien étroit avec les porteurs de projet, au sein de grands groupes ou de startups », comme le précise Jean-Marcel Jammet, directeur général de l’école. Six missions lors des deux premières années, puis d’autres associées à la spécialisation choisie lors des deux dernières années : reprise d’entreprise, stratégie de développement à l’international ou encore élaboration de stratégie marketing. « Notre objectif est de leur apprendre à nager mais en les accompagnant dans le grand bain, indique Jean- Marcel Jammet. Les étudiants découvrent l’entrepreneuriat de façon très concrète, et ceux qui n’opteront pas pour la création d’entreprise disposent de véritables expériences de terrain à valoriser sur leur CV. Bien souvent, c’est d’ailleurs grâce à cette immersion qu’ils font la différence pour décrocher leur premier job. »

    De la vie associative à l’entreprise étudiante

    Ces initiatives “terrain” ne sont pas seules à contribuer à la montée en compétences des étudiants.

    Apprentissage et vie associative font partie des offres des écoles, certaines en faisant un axe majeur de leur pédagogie. L’ESC Pau propose ainsi des contrats d’alternance sur deux ans, au rythme de deux semaines à l’école/six semaines en entreprise, avec un accompagnement soutenu et un bilan de compétences réalisé en dernière année. « Nous avons de plus en plus d’étudiants qui font le choix de l’alternance, indique Stephen Platt, directeur de l’école. Pour en tirer le maximum

    de bénéfices, ils doivent faire correspondre leur spécialisation avec leurs missions en entreprise, par exemple en contrôle de gestion. »

    Côté vie associative, l’ISC Paris est en pointe avec 22 entreprises étudiantes : planning aménagé,

    accompagnement spécifique et quatre soutenances annuelles permettent aux étudiants de mener leur projet de A à Z et d'être évalués sur leurs acquis. Pour Mathieu Millet, directeur des

    entreprises étudiantes, « ce choix pédagogique contribue à former des managers très opérationnels, et c’est ce que les entreprises recherchent aujourd’hui. » Les 40 meilleurs étudiants du système associatif seront d’ailleurs invités, à la prochaine rentrée, à soumettre leur CV à des recruteurs

    à la recherche de chefs de projet. De l’entreprise étudiante à l’entreprise, il n’y a qu’un pas…

    G.M

    INTERVIEW

    « Catherine Leblanc - Directrice générale de l’ESSCA École de Management»

    Les business schools misent de plus en plus sur le digital dans le contenu des formations. Comment expliquez-vous cette tendance ?

    Tout simplement parce qu’il occupe une place grandissante dans la vie des entreprises. La gestion de grands volumes de données concerne désormais tous les secteurs d’activité et de nombreuses fonctions, tandis que la communication privilégie ces nouvelles technologies : deux exemples qui confirment l’importance de ce sujet aujourd’hui et la nécessité de l’intégrer dans la formation des managers.

    Quelle place occupe-t-il dans votre programme de master ?

    Il irrigue l’ensemble de la scolarité, dès la première année et les séminaires de créativité. Nous proposons également des spécialisations en webmarketing et e-marketing, et une nouvelle majeure s’ouvre aux étudiants, menant au métier de data scientist – une fonction de niche mais de plus en plus recherchée par les entreprises.

    Les outils numériques participent-ils à la pédagogie ?

    L’ESSCA École de Management s’est dotée d’une salle PECT (Pédagogie en environnement collaboratif et technologique) facilitant le partage et l’échange, au service de la créativité et des travaux communs. Nous proposons également des ressources en ligne, notamment des podcasts dédiés à des aspects théoriques plus difficiles à assimiler. Notre ambition, déjà largement concrétisée, est la digitalisation de l’environnement et des services, ce qui correspond à ce que les diplômés trouveront en entreprise.

    Propos recueillis par G.M.

    Écoles à la une

    Proposées par les écoles partenaires

    Edhec Business School
    Commerce / Gestion / Management
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    Logistique / Transport
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    ISTEC
    Marketing / Communication
    Paris