Bac 2021 : les corrigés de philosophie (série Générale)

Correction du Bac Philo 2021 : voici les corrigés types proposés par nos professeurs de philo pour les sujets du 17 juin 2021

Bac 2021 : les corrigés de philosophie (série Générale)

    Épreuve écrite tant redoutée, allez vous dépasser votre note de moyenne générale avec votre composition ? Voici les corrigés de philosophie, seule épreuve écrite passée ce jeudi par les candidats des séries générale et technologiques au Bac 2021. Propositions de corrigé de chaque sujet et commentaires des correcteurs sur le niveau de difficulté des sujets.

    Examen du jeudi 17 juin 2021 de 8h à 12h

    Durée de l'épreuve de philosophie : 4h

    Série : Générale

    Coefficient : 8

    Consultez ici les sujets pour les séries techno.

    Corrigé Bac Philo série générale : les 3 sujets de dissertation

    Corrigé du sujet 1 - Discuter, est-ce renoncer à la violence ?

    Le sujet est classique dans le débat public mais il est inattendu pour le baccalauréat car il ne contient pas de façon directe une notion du programme.

    Cependant, on pouvait le rattacher aux notions suivantes : la langage (discuter), le justice et l’État (la violence).

    La première chose à faire était de partir d'un préjugé positif : discuter pourrait permettre d'éviter des violences ; et donc, celui qui discute, plutôt que de se battre dans le mauvais sens du terme, renoncerait à la violence.

    Ainsi, le sujet sous-entend une distinction : discuter, qui amènerait sinon la paix, du moins l’apaisement dans les relations humaine ; et la violence, qui serait l’échec de toute diplomatie par le langage.

    Mais à l’inverse, on peut se demander si ce n’est pas le langage et le fait de discuter qui provoquent la violence : les mots et les jugements d’une discussion peuvent en effet être violents. En ce cas, il faudrait s’abstenir de discuter. Que faire alors ? En venir directement et concrètement à des actes de paix, ou encore s’abstenir de tout langage en faisant preuve d’indifférence ?

    Reformulée, la question peut donner : Discuter, est-ce renoncer à la violence ou au contraire, la provoquer ? Discuter n’est-ce pas se disputer ?

    Le mot « discuter » est facile à définir (dialogue en vue d’une solution) mais le concept de violence nécessite d’être saisi précisément : acte ou parole qu’on fait subir à un être ou à une chose, sans son consentement. Il faut envisager les modalités possibles de cette violence : violence physique, violence verbale, violence administrative ou politique, violence psychologique,…

    Quelques auteurs possibles :

    - Platon, Gorgias (critique de la discussion purement rhétorique des sophistes qui veulent donner l'impression d'avoir raison et de prendre le dessus sur l'interlocuteur, alors qu'ils ne possèdent pas la vérité)

    - Hobbes, Léviathan (l'homme est violent par nature et a besoin d'un État violent, pour ainsi dira sans discussion, pour la sécurité de tous).

    - Rousseau, Contrat social (l'homme est devenu violent et corrompu à cause de la société ; le contrat social implique une discussion sur les condition d'un État juste et paisible)

    - Kant, Projet de paix perpétuelle (seule la diplomatie, et donc la discussion, peut amener la paix entre les Nations)

    - Schopenhauer, L'art d'avoir toujours raison (la discussion a pour but d'avoir raison et de donner tort à l'autre)

    Il était possible de raisonner selon le plan suivant :

    Discuter, c’est provoquer la violence

    Discuter, c’est tromper l’autre pour avoir raison, dominer l’autre (violence psychologique), même si on ne possède pas la vérité. Platon, Gorgias, critique des sophistes.

    Discuter est un rapport de force qui amène la dispute et non la paix. Schopenhauer, L’art d’avoir toujours raison : pour avoir raison, il ne faut pas hésiter à insulter l’autre, par exemple ; et à utiliser la violence verbale.

    La parole comme fausse discussion peut accompagner des violences (violences conjugales, perversion narcissique,…)

    La diplomatie comme tentative de discussion contre toute violence : prendre un exemple historique (accords de Camp David).

    Mais la paix doit être permanente, faite dans des conditions justes, et non pas par un traité qui serait comme un couteau mis sous la gorge de l’autre : Kant, Projet de paix perpétuelle.

    Au plan politique : la discussion comme moyen majeur du débat public et des projets de société. Rousseau : la notion de contrat social.

    Le silence et l’indifférence comme moyens de laisser passer une colère ou un ressentiment violent. Stoïcisme : « subis et abstiens-toi », abstiens-toi de parler et accepte ce qui arrive.

    La violence d’État (qui se compose d’actes et de lois imposés plutôt que de discussions citoyennes) contre la violence naturelle de l’homme (qui s’exprime notamment par des mots, des jugements négatifs) : les hommes préfèrent la sécurité par des moyens répressifs contre les hors-la-loi, plutôt que des discussion qui seraient stériles et non sincères. Hobbes, Léviathan.

    Ouverture : la violence humaine est-elle naturelle ou culturelle ?

    Corrigé du sujet 2 - L'inconscient échappe-il à toute forme de connaissance ?

    Le sujet est classique mais assez inattendu pour le baccalauréat car il met en jeu une notion du programme qui apparaît très peu souvent à l’examen national : l’inconscient.

    On pouvait aussi rattacher le sujet aux notions suivantes : la conscience (l’inconscient étant ce donc on n’a pas conscience), la raison et la science (sont-elles les moyens d’une connaissance de l’inconscient ?) et l’art.

    Il faut partir ici de la distinction entre l’inconscient et la connaissance : l’un échappe-t-il par nature, par définition, à l’autre ? Il faut aussi considérer la différence entre conscience et connaissance : si l’inconscient échappe par définition à la conscience, échappe-t-il pour autant à tout type de connaissance ? Et alors quelle(s) formes(s) de connaissance ?

    Le fond de la question renvoie au fait de savoir si l’inconscient du sujet humain reste forcément dans l’ignorance de ce même sujet ou d’autres sujets humains, ou au contraire si la science et la raison notamment peuvent connaître l’inconscient.

    Reformulée, la question peut donner : L’inconscient échappe-il à toute forme de connaissance ; au contraire, peut-il être connu ? Si oui, par quel type de connaissance ? Et pourquoi, dans quel but ?

    Quelques auteurs possibles :

    - Platon, Apologie de Socrate ; Ion.

    - Descartes, Méditations Métaphysiques, 4e réponses aux objections.

    - Freud, Introduction à la psychanalyse.

    - Freud, L'interprétation du rêve.

    - Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation.

    Il était possible de raisonner selon le plan suivant :

    L’inconscient échappe à toute forme de connaissance

    L’inconscient est la caractéristique de celui qui a perdu la raison et n’a aucune connaissance. Platon, Apologie de Socrate ou Ion : la critique des poètes « inspirés » qui ne savent pas ce qu’ils disent.

    Ce qui échappe à la conscience ne peut, par définition, faire l’objet d’une connaissance. Les pensées inconscientes n’existent pas. Descartes, 4e réponse aux objections, Méditations Métaphysiques.

    Si l’inconscient existe, il n’échappe pas à une connaissance empirique. Nous le constatons quotidiennement dans des faits, chez les autres et sur nous-mêmes : lapsus, actes manqués, rêves. Freud, Introduction à la psychanalyse.

    Il n’échappe pas non plus à une connaissance rationnelle, scientifique, analytique, notamment par la psychanalyse dont le rôle est le dévoilement de l’inconscient, du sens des rêves, la connaissance des causes des névroses, des actes obsessionnels ou compulsifs. Freud, L’interprétation du rêve. Le but de la connaissance de l’inconscient est alors thérapeutique.

    L’inconscient de l’artiste s’exprimant par son œuvre ou : la connaissance esthétique de l’inconscient. L’exemple des surréalistes et la théorie du hasard objectif.

    L’inconscient de l’artiste connu par les représentations de la volonté. L’exemple de la musique (Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation, §52) qui représente l’inconscient des force naturelles ou des passions humaines

    Ouverture : Si l’inconscient est ainsi créateur et offre une connaissance esthétique, faut-il vraiment chercher à le connaître rationnellement et scientifiquement ?

    Corrigé du sujet 3 - Sommes-nous responsables de l'avenir ?

    Le sujet est assez classique en général mais il est inattendu pour le baccalauréat car il ne contient pas de façon directe une notion du programme.

    Cependant, on pouvait le rattacher aux notions suivantes : le devoir (« responsables »), le temps (l’avenir), la nature et la raison (voir ci-dessous).

    On pouvait partir d’une distinction entre nature (le temps est une donnée naturelle, qui se compose notamment de l’avenir, auquel on n’échappe pas) et raison (la responsabilité est une valeur et un acte de la raison morale et du devoir).

    On pouvait alors se demander : comment une donnée qui ne dépend pas de nous (le temps, l’avenir) pourrait faire l’objet de notre responsabilité morale, d’une obligation, d’un devoir, d’une décision ? Comment pourrions-nous décider quelque chose de l’avenir dont nous ne connaissons rien, que nous ne maîtrisons pas, dont nous ne sommes pas les metteurs en scène et réalisateurs ? Mais, en même temps, pouvons-nous toujours dire : « advienne que pourra » et être fataliste ?

    La sujet dit : « l’avenir », en général, et non pas « notre avenir » ou « mon avenir », même si ces deux expressions peuvent être considérés à des moments du développement. De plus, « avenir » est à définir par rapport à la notion de temps qui se compose d’un passé, d’un présent et d’un avenir.

    Reformulée, la question peut donner : Sommes-nous responsables de l’avenir ou faut-il au contraire le faire venir à nous comme ce qui arrive inéluctablement, comme ce que nous ne décidons pas ?

    Ce sujet est plus un sujet appelant une réflexion et une culture personnelles que des auteurs particuliers. Il était donc possible de raisonner selon le plan suivant :

    I- Nous, les êtres humains, ne sommes pas responsables de l’avenir

    L’avenir appartient au temps, réalité qui préexiste à l’homme et indépendamment de lui. Seule la nature peut être maître du temps, de l’avenir, c’est-à-dire de ce qui arrive et arrivera.

    Seul Dieu, un dieu, ou une force qui nous dépasse (le destin) possède le temps et peut décider de l’avenir. Exemple de l’avenir et du destin d’Œdipe : quoi qu’il fasse, il tuera son père et épousera sa mère.

    II- Nous sommes cependant responsables d’un avenir qui est à notre portée

    Un avenir à notre portée : à court terme. Exemple des décisions politiques, internationales ou citoyennes pour l’environnement.

    Nous avons une responsabilité concernant notre propre avenir voire celui de nos proches. Exemple de la responsabilité familiale pour l’avenir de ses enfants.

    III- Finalement, nous pouvons nous rendre responsables de l’avenir

    Par extension, à partir de la responsabilité de l’avenir de nos enfants, nous pouvons parler de l’avenir des générations futures. Hans Jonas, Le principe responsabilité : dans notre développement économique actuel, nous avons la responsabilité des humains de demain. Exemple : le développement durable, le principe de précaution.

    De là, nous avons la responsabilité d’une réflexion portant sur l’avenir de l’avenir, en quelque sorte. L’action de l’homme a un impact reconnu sur la planète et l’espace. De là, sans être des dieux, nous nous sommes créé une responsabilité éthique à l’égard de l’avenir de l’univers en général (jusqu’à Mars).

    Ouverture : plus l’homme s’étend dans l’espace et plus sa responsabilité dans le temps s’étend également. Faut-il alors cesser de chercher à nous développer ?

    Corrigé Bac Philo série générale : Explication de texte

    Corrigé Explication de texte : DURKHEIM, De la Division du travail social (1893)

    Le ressenti du correcteur : Le texte est assez abordable. Pas de notions complexes ou de concepts difficiles à saisir. Le raisonnement est un peu long mais sa structuration logique est progressive. La thèse est lisible en prenant le temps, le sens et les enjeux problématiques du texte sont accessibles en réfléchissant posément.

    - L’objet du texte : Le devoir moral, son caractère utilement limité.

    - Notions du programme en jeu : La morale, Le devoir.

    - La thèse du texte : Le devoir moral n’est pas un absolu mais une exigence socialement définie et circonscrite, relative. Il ne s’agit que de faire son devoir, qui est lui-même limité par des conditions socialement déterminées : il ne faut pas demander le sacrifice de tous nos intérêts au nom du bien.

    - Le problème que le texte soulève : Les exigences de la morale semblent contredire celles de la société. La morale peut-elle nous demander de sacrifier tous nos intérêts ? Si elle le fait (ce qui semble légitime en soi) elle risque de se couper, ainsi que nous-mêmes, de la vie sociale à laquelle elle doit pourtant se rapporter et s’appliquer.

    - La question que le texte soulève : Quelles sont les limites de l’exercice de la moralité ?

    Peut-on exiger de nous toujours plus de sacrifices au nom du bien, ou bien y a-t-il des limites à respecter pour ne pas compromettre l’exercice même de la moralité dans la société ? Plus radicalement le bien est-il un idéal hors de notre portée?

    - Les étapes du raisonnement (plan du texte > plan du raisonnement) :

    I) 1ère partie : «Chaque peuple.... par les particuliers» (l. 1 à 4) : (constat) La morale est fixée dans ses lignes essentielles pour durer, elle exige de la stabilité et ne doit pas être trop souvent bouleversée.

    II) 2ème partie : «Mais la morale.... le bien par excellence» (l. 4 à 16) : (Question, réfutation d’une objection). Mais ne doit-on pourtant pas exiger toujours plus en matière de moralité, la morale n’est-elle pas un devoir absolu ? La réponse semble être négative selon Emile Durkheim :

    - Non seulement à cause de la nature du devoir moral lui-même : «tout devoir est fini» car tout devoir est limité par d’autres devoirs (1er argument suivi de deux exemples l. 7 à 9)

    - Mais également en vertu des «autres exigences de notre nature», comme par exemple le besoin de gagner de l’argent pour vivre, de travailler, etc. (l. 9 à 16). Ces besoins contredisent parfois l’impératif absolu du bien (moralité) mais ils sont essentiels à la vie sociale.

    III) 3ème partie : «Il peut donc y avoir des excès... elle s’applique» (l. 16 à 19) : (conséquence et enjeu réflexif du texte) Le paradoxe de la vie morale est donc le suivant : celle-ci nous impose à la fois un détachement vis-à-vis des besoins sociaux et des intérêts égoïstes au nom de bien, mais en même temps elle ne doit pas nous couper ni se couper de la vie sociale pour exister. Peut-on vraiment vivre moralement en société ?

    - NB : pour mettre en perspective critique ce texte on peut s’appuyer par exemple sur la définition du devoir moral absolu (impératif catégorique) chez Kant dans Les fondements de la métaphysique des moeurs. Ou bien aussi chercher du côté des utilitaristes (John Stuart Mill par exemple) pour faire discuter le texte avec.

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